Langue et culture
Geographie
Les Peuls, appelés aussi Foulani, Fulbhés, Fulfulde, Pular ou encore Fellata selon les pays, sont un peuple traditionnellement pasteur établi dans toute l'Afrique de l'Ouest et au-delà de la bande sahélo-saharienne, soit au total une quinzaine de pays différents et pour un total estimé entre 25 et 65 millions de personnes selon les critères retenus.Particulièrement nombreux au Nigeria, au Niger, dans le nord et ouest du Cameroun, au Mali, au Sénégal, en Mauritanie et en Guinée, ils sont également présents au Tchad, en Gambie, au Burkina Faso, au Bénin, en Guinée-Bissau, en Sierra Leone, au Ghana, en Côte d'Ivoire, au Togo et au Soudan. Ils sont souvent minoritaires, à l'exception de la Guinée, où ils représentent la communauté la plus importante du pays avec 53,4 % de la population.Leur dispersion et leur mobilité a favorisé les échanges et les métissages avec d'autres populations subsahariennes. Le socle de leur identité est toutefois la religion musulmane, la compétence pastorale, une tendance à l'endogamie et la langue peule.Ils comptent, en tout état de cause, de multiples groupes.
Les traditions orales ou écrites recueillies auprès des Peuls mentionnent pour la plupart autour d’une union entre Oqba, l’Arabe, et Tadjimaou, la princesse noire. Ces deux personnages auraient engendré quatre enfants, les ancêtres des quatre clans peuls : Barry (ou Sangare), Diallo (ou Kane), Sow (ou Sidibe), Bah (ou Balde ou Diakhite). Cette origine est tout à fait incertaine, Oqba s'identifiant probablement à Oqba ibn Nafi, le conquérant arabe mort en 683, qui n'a jamais traversé la totalité du Sahara. Cette ascendance permet en revanche aux Peuls islamisés de revendiquer des racines arabes prestigieuses.
L'origine (ou les origines) des Peuls a donné naissance à une littérature abondante de qualité inégale, qu'il est difficile de résumer.
L'historien Cheikh Anta Diop a lié les Peuls à l'Égypte, comme il l'a fait pour les Sérères et Wolofs .La théorie de Diop a cependant été réfutée par d'autres chercheurs dont le professeur Russell G. Schuh André Arcin les fait venir de la lisière nord du Sahara jusque dans le sud marocain. Tauxier préconise la route du sud de l'Algérie et les ferait émigrer de leur pays d'origine (moyenne Égypte) vers le vie siècle avant l'ère chrétienne. Béranger-Féraud, Verneau et d'autres indiquent, également la route septentrionale comme étant celle de leurs migrations. Le Sahara est exclu car jugé comme étant un pays désertique et inhabitable, difficile à traverser pour une population dont l'économie principale est l'élevage. Seul Motel les fait venir du sud Sahara. Cette première migration d'est en ouest leur fera atteindre la vallée du fleuve Sénégal vers le viiie siècle de notre ère (Lhote).Une étude génétique publiée en 2019montre que les populations foulanis sont issues d'un mélange entre un groupe d’Afrique de l’Ouest et un groupe ayant à la fois des ancêtres européens et nord-africains. Ainsi, les Peuls de Ziniaré au Burkina Faso ont des fractions d'ascendance d'origine d'Afrique de l'Ouest à raison de 74,5 %, 21,4 % d'origine européenne et 4,1 % d'origine est-africaine. Une structure génétique similaire est observée parmi tous les autres groupes de Foulanis, à l'exception des Foulanis de Gambie. Ce mélange doit probablement être associé aux pratiques d'élevage adoptées dans le passé, car il a entraîné des adaptations génétiques dont notamment l'élément de contrôle du gène LCT permettant aux porteurs de digérer le lactose tout au long de leur vie. Cet allèle T-13910 LP chez les individus peuls analysés dans cette étude repose sur un fond européen d'haplotype ce qui exclut une évolution parallèle convergente.
L'identification des fragments d'ascendance spécifiques flanquant des segments de type européen conforte l'opinion selon laquelle l'ascendance européenne dans les génomes peuls est couplée à leur composante nord-africaine. Ces deux ancêtres génétiques se sont mélangés dans le nord-ouest du continent africain depuis au moins 3 000 ans. Une étude de 2018 a établi un lien entre la diffusion de populations par le détroit de Gibraltar aux migrations néolithiques et au développement néolithique en Afrique du Nord. Cette ascendance mixte d'origine gibraltarienne avait déjà été observée dans le pool génique mitochondrial des Foulanis qui relie les Foulanis au sud-ouest de l'Europe à partir des haplogroupes d'ADNmt H1cb1 et U5b1b1b La lignée paternelle R1b-V88 Montre des estimations d'âge similaires indiquant le moment où les premiers éleveurs se sont installés dans la ceinture Sahel / savane
L'étude déduit que la proportion de non-Africains chez les Foulanis a été introduite par le biais de deux mélanges datés pour le premier entre 1500-2138 ans et le second entre 237–368 ans. Le premier mélange supposé entre les ancêtres ouest-africains des Peuls et un groupe nord-africain ancestral a probablement favorisé, voire catalysé des changements dans le mode de vie de ces populations et a par conséquent conduit l'expansion des Peuls dans la ceinture Sahel / savane. Ce point de vue est compatible avec les traces du pastoralismedans la savane ouest-africaine (nord du Burkina Faso, en particulier), commençant il y a environ 2 000 ans selon des données archéologiques. Le deuxième événement d'adjonction remonte à une époque plus récente, provenant d'une source de l'Europe du Sud-Ouest. Cet événement peut probablement être expliqué par un flux de gènes ultérieur entre les Foulanis et des populations nord-africaines (qui supportent des proportions de mélanges avec les Européens en raison du flux de gènes par Gibraltar) ou encore par l'expansion coloniale européenne en Afrique.
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