Langue et culture
D'un point de vue anthropologique, le terme « Pygmée » désigne les populations, souvent chasseuses et vivant dans les forêts équatoriales africaines, caractérisées par leur petite taille, estimée entre 1,20 m pour les plus petits et 1,50 m pour les plus grands. Ce terme est fréquemment considéré comme péjoratif par les organisations de défense des droits de l'Homme et les gouvernements d'Afrique centrale notamment celui de la République du Congo. Les différents peuples Pygmées se reconnaissent entre eux comme pygmées et sont reconnus comme tel par les non-pygmées.
Le terme « Pygmée » englobe différents groupes ethniques disséminés le long de l'équateur dans de nombreux États de l'Afrique centrale actuelle, ce sont notamment les Baka, les Aka, les Mbuti (ou Bambuti), les Babongo, les Babinga ou les Efe. Les Pygmées partagent entre eux un mode de vie traditionnel basé sur la chasse et la cueillette de produits forestiers, et une culture commune qui accorde une grande importance à la musique et la danse.
Ces groupes de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs sont aujourd'hui confrontés à une précarisation croissante et leur culture se trouve menacée. De nombreux groupes sont sédentarisés.
Certains acteurs, appartenant ou non à ce groupe, jugent le mot « Pygmée » comme péjoratif, voire insultant, et préfèrent utiliser des appellations comme « populations autochtones » ou « peuples de la forêt », ou utilisent directement les noms des ethnies concernées.
On utilise plutôt le terme Négritos pour désigner les populations de petite taille et à peau noire vivant dans le sud-est asiatique.
Les Pygmées et les Bantous auraient une origine commune ancienne de 70 000 ans selon l'étude de l'ADN mitochondrial ou 60 000 ans d'après une autre étude basée sur l'ADN nucléaire. Les différents groupes de pygmées africains se seraient eux-mêmes différenciés voilà environ 20 000 ans, peut-être à la suite de la fragmentation de leur habitat forestier lors du dernier maximum glaciaire qui a entraîné un assèchement du climat africain.
La petite taille des Pygmées pourrait être due à une adaptation au milieu forestier, ou simplement à la dérive génétique consécutive à l'isolement de ces populations.
Les pygmées pratiquent traditionnellement une forme de nomadisme. Ceux-ci se déplacent entre des campements temporaires installés pour une période de chasse, de la cueillette chaque campement accueillera une famille élargie. Ces campements sont constitués d'un ensemble de mongulus, des huttes construites en feuilles de marantacées assemblées sur un treillis ancré en terre et arqué de force en forme de tonnelle. Les feuilles sont posées comme des tuiles agrafées par leurs pétioles incisés. Ce sont les femmes qui se chargent de construire ces huttes.
Cette tradition nomade ne persiste notablement que chez les Aka, Efe et Twa de la région des Grands Lacs. Les tribus pygmées sont particulièrement attachés à leurs rites d'initiation et à leurs forêts. Malheureusement, leur mode de vie traditionnellement nomade est menacé par le défrichage, l'extension des zones cultivées, les bouleversements politiques et les mesures de protection de la nature qui leur interdisent la chasse. De nombreux pygmées s'éloignent des forêts et se sédentarisent progressivement en ouvriers agricoles.
Dans toutes les ethnies, l'unité sociale de base est le campement, il est généralement composé de 30 à 70 individus qui vivent dans une dizaine de huttes. Les individus sont généralement étroitement apparentés ou liés par des mariages. La composition des groupes change régulièrement et ils entretiennent de fortes relations entre groupe voisins.
La société pygmée, basée sur le retour immédiat (par opposition au retour différé, c'est-à-dire avec un échange de monnaie comme étape), est l'une des plus égalitaires qui existe. Il n'y a pas de hiérarchie au sein des campements, même pour les activités de groupe.
Les Pygmées pratiquent la chasse à l'arc ou à l'arbalète, à la sagaie et au filet. Alors que la chasse à l'arc (ou l'arbalète) se pratique individuellement, les battues au filet peuvent rassembler les individus de plusieurs campements. Les techniques de chasse varient selon le type de gibier disponible mais aussi selon les groupes ethniques. Ils sont réputés pour la chasse à l'éléphant. Ils pêchent grâce à des retenues temporaires qui leur permettent de capturer le poisson, ou à l'aide de nasses de vannerie. En plus des fruits et des tubercules, ils récoltent du miel et des chenilles pour l'alimentation. Le produit de la chasse est systématiquement partagé entre les chasseurs pour leurs familles, les fruits de la récolte eux ne sont distribués qu'en cas de surplus.
Les animaux les plus consommés sont les rongeurs (porc-épic et rats de Gambie) l'hylochère et les céphalophes .Les petits morceaux de viande, abats et tubercules peuvent être cuits à l'étouffé ou bouillis en sauce par les femmes au campement, ces sauces varient en fonction de la saison et les disponibilités en accompagnement. La cuisine pratiquée par les hommes pendant les expéditions de chasse est plus rapide, les viandes sont grillées. Les Pygmées ont tendance à attaquer la viande en mordant latéralement avec les canines et prémolaires, car leurs incisives taillées en pointe sont fragiles et hypersensibles au chaud.
Une pharmacopée traditionnelle à base de plantes leur est utile pour soigner les blessures et maladies propres à la vie en forêt.
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